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Startups : les 8 défis à relever pour allier tech & impact

23/4/2021
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Startups : les 8 défis à relever pour allier tech & impact

1Kubator a animé sa première room sur la toute nouvelle application : Clubhouse. Organisée autour de l’impact positif sur la société ou l'environnement, 1Kubator a eu l’honneur de  recevoir...


  • Noel Bauza, fondateur de la startup Zei. Zei est une plateforme qui permet d'aider toutes les boîtes à comprendre leur impact avec un algorithme qui identifie tous les enjeux clés pour chacune.
  • François Allet, CMO de Newcy, la solution RSE clé-en-main de gobelets réutilisables pour les entreprises.
  • Arthur Auboeuf, cofondateur de Time for the Planet. L’idée de Time for the Planet c’est de cofonder des entreprises luttant contre des gaz à effet de serre à grande échelle avec des entrepreneurs qui vont trouver un modèle économique à ces innovations et les déployer sous forme de biens et de services.

DÉFI N°1 : LEVER LES FREINS

Se lancer dans l’entrepreneuriat est un vrai challenge, particulièrement lorsqu’on crée une startup. Si cette startup est à impact positif, des freins supplémentaires sont à lever. C’est le sujet d’ouverture de notre conversation avec nos 3 entrepreneurs à impact.

Selon François Allet, le principal frein pour se lancer “va être les lobbys, qui sont toujours très présents et qui font tout leur possible pour ralentir et reporter les mesures gouvernementales. Le second frein, c’est le prix de notre solution, qui va forcément être plus chère que du jetable”.

Noël, quant à lui, ajoute qu' “à l’époque, en 2015, quand j’ai créé Zei, j’étais tout seul avec 5000 euros et pas d’équipe donc je rencontrais beaucoup de freins économiques. De plus, en 2015, je pense qu’on n’avait pas encore une prise de conscience aussi forte qu’aujourd’hui, notamment sur les enjeux environnementaux. Je trouve qu’il y a eu un basculement entre 2017 et 2018, ou d’un coup tous les fonds voulaient se lancer dans l’impact, tous les grands comptes ont voulu accélérer leur RSE. Donc je pense que oui, il y a des freins mais c’est en tout cas le bon moment !”.

Cependant ce ne sont pas les seuls freins à la création d’une startup tech à impact, et comme le souligne Arthur, “de manière globale, je vois quand même qu’il y a un vrai frein sur la partie confiance, pas vraiment avec Time, mais de manière globale avec l’écologie, parce qu’on a tellement menti aux gens, on a tellement vendu des solutions miracles aux gens, qu’aujourd’hui c’est normal, ils sont méfiants.”


DÉFI N°2 : S’AFFIRMER DANS LE DOMAINE DE L’IMPACT

Avec l’explosion actuelle du nombre de créations  de startups à impact, il faut parvenir à montrer sa légitimité dès le démarrage du projet, sans faire de l’impact washing. Nos experts nous ont donné quelques conseils. François nous explique qu’avant de lancer Newcy sur le marché, l’équipe a fait réaliser une analyse de cycle de vie comparative (ACV) pour valider la pertinence écologique de leur solution. “C’est hyper important pour des boîtes qui sont dans l’impact d’avoir des analyses précises et réalisées par des cabinets externes et indépendants, pour pouvoir prouver cet impact”. Pour Noël, la solution passe  par des tiers de confiance : “que ce soit des cabinets d’études, des scientifiques, des labels ou des plateformes comme B-Corp, Lucie ou Zei”.

Arthur mise sur l’importance d’être transparent : “dans les associés de Time For The Planet, certains mettent de l’argent juste pour voir l’entreprise de l’intérieur.  En effet, avec 1 euro ils peuvent voir si on va acheter un ticket de métro quoi ! Ils ont accès à toutes nos dépenses, nos assemblées générales, les comptes sont publics… On va vraiment loin dans la transparence parce qu’on est dans une problématique qui a souffert d’un bon nombre de théories du complot, de fake news…”

DÉFI N°3 : FÉDÉRER RAPIDEMENT SES PARTIES PRENANTES

Pour que l’impact de sa startup soit significatif, il faut identifier et fédérer les parties prenantes du projet. Pour Noël de Zei, le secret est notre pire ennemi : “il vaut mieux parler de son idée sur tous les toits et ainsi attirer des alliés et des ambassadeurs”. Cette notion d’ambassadeurs se retrouve du côté de Time for the Planet.

Arthur affirme que “tout le monde a envie de se sentir utile et de faire quelque chose qui soit bon pour le bien commun, c’est une des raisons d’être de l’humain. Je pense que la force des boîtes de l’impact, c’est que très vite on va avoir non pas des clients mais des ambassadeurs, non pas des associés, mais des porte-paroles. Après il y a plein de choses à mettre en place : exprimer son message clairement pour que les gens le comprennent, l’intègrent et se l’approprient. Ensuite il faut leur donner les moyens d’être ces porte-paroles, ces ambassadeurs, en leur donnant du contenu qui soit attractif pour qu’ils soient fiers de le partager.”

DÉFI N°4 : ALLIER VIABILITÉ ÉCONOMIQUE ET IMPACT

Même si la tendance s’inverse depuis quelques années, il a longtemps été considéré qu’une organisation à impact devait être une association ou une organisation à but non lucratif. Pourtant, lorsqu’on se lance dans l'entrepreneuriat à impact positif, il est primordial d’allier impact et modèle économique pour trouver une rentabilité dans son projet. Les bénéfices peuvent alors être réinvestis dans la société pour ainsi démultiplier son impact. Arthur affirme qu’ “il faut vraiment intégrer le fait qu’on ne pourra pas avoir un impact si on n’est pas capable d’utiliser les outils les plus puissants dont on dispose. L’argent en fait partie. Il faut monter des boites rentables parce qu’il va falloir payer des gens décemment et mettre leurs forces de travail en action !”

Noël ajoute que “si le chiffre d’affaires est directement corrélé à l’impact positif, plus je ferais de CA plus j’aurais un impact positif sur la planète ou la société. Donc il faut un business model c’est évident ! La Tech révolutionne certains secteurs et baisse les coûts, et quand on associe la Tech à l’impact, on peut parfois proposer une solution plus rentable et plus écologique que les alternatives standards.”


DÉFI N°5 : MESURER SON IMPACT

L’un des principaux enjeux des startups à impact est de mesurer leur impact. L’objectif : se positionner par rapport à d’autres structures du secteur, évaluer avec des chiffres clés l’impact réel réalisé et surtout observer l’évolution de son impact à différents niveaux. Noël rappelle qu'il y a deux façons de mesurer l’impact : “il y en a une qui peut très facilement ouvrir la porte au green washing, c’est l’impact absolu, qui revient à  dire « j’émets tant de CO2 par an » ou « j’ai tant de véhicules électriques sur la route », ce qui n’a absolument aucun sens. C’est l’impact relatif qu’il faut réussir à quantifier. Par exemple, Uber pourrait dire demain « on est super écolos parce qu’on a sur la route 1 million de véhicules électriques dans le monde ». Ça parait grand  ! Mais par contre c’est 0,1% de leur flotte de véhicules. Comparons cela à Marcel Cab, petit VTC parisien social et très engagé : ils n'ont que 500 véhicules électriques sur la route, donc quand on calcule en tonnes de CO2 évitée ce n’est pas impressionnant. Par contre, c'est 50% de leur flotte. Donc le seul impact qui fait sens c’est de comparer 50% de la flotte électrique de Marcel Cab à 0,01% d’Uber.” François quant à lui, conseille de se pencher sur le sujet de la mesure d’impact dès le début de son projet : “ après avoir fait réaliser l’ACV au début de notre solution, en 2019, on a eu le label Solar Impulse Efficient Solution, les 1000 solutions pour changer le monde : on a eu plusieurs mois d’échanges et d’évaluation par des experts internationaux pour labéliser notre solution sur ce label. Aujourd’hui, on est en cours de labellisation de BCorp.”



DÉFI N°6 : ENGAGER SES COLLABORATEURS AUTOUR D’UNE VISION COMMUNE

Pour qu'un projet ait un impact significatif, il faut qu’il ait du sens pour les collaborateurs engagés autour du projet. Arthur explique : “nos collaborateurs [chez Time for the Planet], ce sont des personnes qui veulent vraiment agir à grande échelle et qui ressentaient les mêmes frustrations que nous, c'est-à-dire ne pas réussir à avoir de l’impact quand tu n’es pas milliardaire ou Président de la République. Je pense que la première des choses qui fédère, c’est de partager une vision commune du monde, des enjeux et des besoins. Et puis après pour fédérer, il faut laisser chacun prendre sa place, puisqu'il n’y a rien de mieux que de laisser les gens s’engager pour de vrai et faire des choses à nos côtés.”

François ajoute : “nous on est une petite équipe de 9 chez Newcy et pour déplacer des montages il faut forcément des gens qui en veulent et qui savent pourquoi ils sont là. Cette culture de la boite va se faire naturellement.”


DÉFI N°7 : LABEL OR NOT LABEL ?

Être labellisé permet à une entreprise de gagner en crédibilité. Mais dès que l’on s’y penche d’un peu plus près, on fait face à une multitude de labels mettant en avant l'impact des organisations. Alors, le label est-il une bonne chose ? Faut-il aller en chercher ? Si oui, lesquels, quand et pourquoi ? C’est Noël, notre expert sur le sujet, qui nous explique : “ il y a deux types de labels. Déjà le label produit qui a pas mal d’impact (une pomme labellisée Bio par exemple). Et les labels RSE comme BCorp, Lucie ou encore AFNOR. Ils ont beaucoup d’intérêts quand on est une entreprise en B2B, et que les acheteurs en face ont besoin d'être rassurés de notre engagement. Quand on les compare, Lucie est un label français, mais stagne depuis quelque temps, alors que BCorp est international, ils ont donc une puissance de frappe beaucoup plus grande.” Arthur ajoute également: “Il y a déjà des petits statuts, comme celui d’“entreprise à mission”, qui ont l’air de faire avancer les choses, de ce que j’en vois, puisque c’est de plus en plus convoité.”


DÉFI N°8 : DÉMULTIPLIER SON IMPACT PAR L’INTERNATIONALISATION

On peut imaginer que pour avoir le plus d'impact possible, une startup engagée peut opter pour une internationalisation et ainsi démultiplier son impact. Pour Arthur,  : “Nous, peuple de la Terre, sommes tous confrontés à un même problème : le dérèglement climatique. Il n’y a pas plus international comme problématique. Je pense qu’il va falloir aller chercher des talents, des experts, des idées, de l’énergie partout sur la planète, et c’est pour ça que les outils digitaux sont cruciaux dans notre époque. Cependant comme le dit Paul Graham : c’est mieux d’avoir 100 utilisateurs qui t’aiment vraiment plutôt qu'un 1 million qui t’apprécie vaguement. Le mot “glocal” prend tout son sens : il faut mener des actions qui ont de l’impact à petite échelle locale et qu’on peut répliquer à l'échelle mondiale en utilisant des outils digitaux !”. Noël réplique : “il y a un marché à prendre, et si on a qu’un seul Zei digital, au niveau mondial, je pense que l'impact sera beaucoup plus fort que si on avait 199 Zei dans chaque pays. Quand il s’agit de technologie, cela peut facilement être internationalisé dès le départ, comme les réseaux sociaux, comme Clubhouse, comme Linkedin, comme Facebook…


Avec l’engouement actuel pour la tech et l’impact, nous pouvons nous demander si nous allons aller vers des mastodontes de l’environnement qui tireront toutes les ficelles du développement durable comme cela a été le cas avec la révolution digitale. Arthur se pose souvent cette question : “est-ce que ça va être des Winners Takes All dans un monde où on a tellement besoin d’avoir de la disparité, des choses différentes. Ou est ce qu’on va construire un peu autre chose ?” Noël répond : “Je pense que ça dépend vraiment des secteurs. Après je pense  que les vrais de l’impact, ceux qui se lancent pour les bonnes raisons, et pas ceux qui se lancent pour gagner du cash, ne deviendront jamais des milliardaires qui partiront boire du champagne aux Bahamas. Si leur solution devient la référence, ils y mettront tout ce qu’ils ont gagné pour plaider leur cause.“ Arthur souligne : “aujourd'hui la note sociale dans la société c’est l’argent, et en fait peut-être qu’il faudrait qu’on arrive à avoir une vraie dot sociale basée sur la capacité à œuvrer pour le bien commun et pour la santé de tous. Pour l’instant je ne vois pas se dégager d’indicateurs clairs de ça, et il y a un vrai truc à imaginer pour le futur là-dessus.”

A méditer...

C’était notre première room ClubHouse animée par Étienne, Guillaume et Robin ! Découvre également toutes les personnes qui ont un lien avec nos programmes à Impact.

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